Alors que les statuts des COMUE sont en train d’être votés partout en France, il serait peut-être temps de réfléchir à l’explosion des structures technocratiques dans le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur. L’utilisation d’une classification universelle des espèces bureaucratiques est donc plus que jamais nécessaire. Je n’ai pas le talent de Georges Cuvier pour le classement, alors je vais me contenter de lister quelques structures existantes sans soucis d’exhaustivité.
Le point de départ de ma réflexion est que je me suis levé
ce matin avec un courriel m’invitant à un groupe de travail pour réfléchir à la
création du Département de physique de l’Université Paris-Saclay. Enfin, non,
je simplifie trop. La physique, c’est un bien trop gros morceau et il a été
décidé de la couper en petit morceaux car la mode est au finger food. Le département scientifique dans lequel je dois
m’inscrire et qui représentera un bout
de la physique s’appelle le département PhOM pour « Physique des Ondes et
de la Matière ». Le génie créateur
de la communeauté scientifique pour la création d’acronymes sans limites. En fait,
depuis quelques temps, la créativité est même aidée par le site http://acronymcreator.net. Quelques
propositions alternatives auxquelles nous avons échappé auraient été plus
proches de la réalité : département PROBLEM pour « Physique OndEs
Matiere » ou département PYROMANE pour « PhYsique Ondes MAtiEre ».
Acceptons donc d’en rester à PhOM puisqu’il en a été décidé ainsi. Ce
département, sera divisé en 7 pôles et il m’a été dit que je serais dans le
pôle "Matière et Systèmes Complexes". Ce même pôle sera lui-même
représentant de plusieurs « thèmes de recherche » qui sont au nombre
de 6 et je crois que je dois me mettre dans la case : « fluides
complexes ».
Ce département est en fait une des nombreuses structures qui
ont été pensées dans la COMUE Paris Saclay qui sera en fait divisée suivant une
structuration matricielle en schools
(mot dont la traduction n’a toujours pas été trouvée) et en départements donc
nous avons déjà parlé. Je n’ai malheureusement pas compris comment les schools seront divisées, mais l’on me
dit que je fais partie de la school de
« Basic science ». La différence entre schools et départements ? Les schools s’occupent de formation et les départements de recherche. Sachant
que l’Université est le lieu de la formation par la recherche, tout est limpide…
Voilà déjà quelques réunions en perspectives… Heureusement,
pour un scientifique qui aurait décidé d’en faire son métier, il y a dans le
système bureaucratique de la recherche quelques autres réunions possibles. Pour
les moins ambitieux, il y a l’échelle du laboratoire qui a un Conseil de
laboratoire qui se réunit quelques fois par an, ainsi qu’une commission du
personnel. Pour traiter de problèmes un peu plus larges, on pourra aller au
Département de physique de l’Université Paris-Sud (à ne pas confondre avec le
département PHOM de l’Université Paris-Saclay) ou le conseil de l’UFR. Si le problème est plus général, on pourra s’adresser
au Conseil scientifique de l’Université Paris-Sud mais s’il s’agit d’une
question d’enseignement, on verra directement avec le CEVU : le Conseil
des études et de la vie universitaire. Les problèmes encore plus cruciaux
seront traités au niveau du Conseil d’Administration de l’université.
Evidemment, s’il s’agit d’une question traitant des problèmes de personnes, on
pourra s’adresser au Comité technique paritaire CTP ou au CSHCT s’il s’agit
plutôt de question d’hygiène et de sécurité. Dans un système dual où le CNRS
coexiste avec les universités, on pourra évidemment participer à toutes les
réunions équivalentes qui existent du côté CNRS : Conseil scientifique d’instituts,
Conseil scientifique, CSHCT (chacun le sien), CA, Conseil scientifique… Chaque
université voulant être transparent, on n’oubliera pas qu’il est aussi possible
de participer à une instance d’une université qui n’est pas la vôtre qui
accepte gentiment des extérieurs. Pour des questions traitant des doctorants,
il y aura le Conseil de l’Ecole doctorale, et pour les plus attachés à la vie
des doctorants, les comités de suivis de thèse. Pour les questions d’évaluations,
il y a le Comité National de la Recherche Scientifique, le CNU mais à l’échelon
plus local, pour ceux qui n’aiment pas les voyages, il y a les CCSU. Pour ceux
qui aiment l’évaluation indépendante, il y a l’AERES…
Evidemment, il faut aussi que certains se dévouent pour
distribuer de l’argent. Ils pourront siéger dans les différents comités de l’ANR
ou de l’ERC s’ils ont compris comment fonctionne l’Europe. Ils pourront
distribuer de l’argent au niveau régional dans les DRRT. S’ils travaillent dans
un lieu à l’excellence reconnue, ils pourront distribuer les reliquats d’argent
d’un RTRA en étant dans un comité de pilotage, un comité de vie scientifique,
un bureau (pour les moins gradés). Ils pourront aussi éventuellement travailler
distribuer de l’argent d’un LABEX en se retrouvant alors dans un comité de direction, un comité de pilotage, un
conseil des tutelles, un conseil scientifique.
Georges Cuvier, aurait proposé un classement de ces espèces
bureaucratiques. Certaines espèces doivent mourir. Nous dira-t-on lesquelles.
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